Galaxie 15 [1ère Série] by Beyler André

Galaxie 15 [1ère Série] by Beyler André

Auteur:Beyler, André [Beyler, André]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Anthologie SF
Éditeur: LimatBruss - Bookaniers
Publié: 1954-03-14T23:00:00+00:00


L’EXPLOSION du second hélicoptère dut précipiter la crise qui le posséda.

La plaine polaire s’étendit autour de lui, plus froide et implacable que jamais, les bâtiments et les machines se détachant si clairement qu’il avait la certitude de pouvoir les toucher rien qu’en étendant le bras.

Mais les gens n’étaient plus sans visages, à l’exception d’un seul qui se tenait agenouillé devant le groupe. Janice Wynn se tenait devant cet individu, dont les traits se dessinaient lentement, un à un, prenant un aspect de plus en plus connu, une identité plus complète.

Quand Alcorn comprit que c’était son propre visage, le changement s’abattit sur lui.

Un vent glacé et puissant lui grondait aux oreilles. Une force le saisit et l’envoya, tout désorienté et convulsé, dans l’infini. Il y eut des ténèbres et de la peur, puis un chœur de voix calmes qui le rassuraient. La douleur le prit, puis la panique, puis enfin des souvenirs extasiés au delà de toute imagination.

Faiblement, il entendit Kitty crier. Quelque chose le frappa durement à l’épaule et il sentit son corps lointain qui réagissait automatiquement pour reprendre son équilibre.

Un second coup le frappa à la tempe. Il tomba lourdement, aux limites de la perte de conscience.

Il entendit des voix mêlées, et les cris aigus de Kitty s’éteignirent.

Il resta étendu, certain de n’être plus seul.

Des pensées innombrables lui effleurèrent l’esprit, en un contact plus réconfortant qu’une poignée de mains, et à chaque effleurement, il reconnut et étreignit un vieil ami qui lui était plus cher que sa propre vie. Il savait qui ils étaient. De nouveau, il était l’un d’entre eux.

— C’est fini, fit doucement la voix de Janice Wynn. Tu te souviens de moi, à présent, Filrinn ?

— Janeen, dit-il. Il se redressa lentement.

Les yeux verts de Janeen reflétaient une émotion semblable à celle d’Alcorn. Il ne pouvait croire qu’il eût jamais oublié – pour efficace qu’ait été son conditionnement protecteur – l’unité profonde qui existait entre lui et Janeen.

— Je me rappelle, dit-il. (Il était encore stupéfait). C’est bon de me retrouver moi-même.

— C’est bon de savoir pourquoi ils m’ont envoyée te rechercher, au lieu d’une autre, soupira-t-elle. Tu te souviens de cela ?

— Je m’en souviens, dit-il à haute voix, comme si de prononcer les mots eût ajouté à ses sentiments. Avant cette mission, nous avons vécu ensemble deux cents années comme les calculent les gens de la Terre. Et nous allons vivre ensemble encore des centaines d’années, avec une compassion détachée et cependant curieusement intime.

— Ce ne sont pas des gens de chez nous. Ce n’est pas encore l’heure, dit-elle.

Elle était à la porte de la cabane avant même qu’il se fût rendu compte qu’elle avait bougé.

— Restez ici, lui ordonna-t-elle. N’ouvrez à personne. À personne, vous comprenez ?

Elle avait déjà disparu dans les ténèbres du dehors.

Les hélicoptères atterrirent a une centaine de mètres de la cabane. Le silence régna, puis une voix tonnante, amplifiée, le brisa :

— Alcorn, sortez de là !



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